Dernier périple vers le Bénin, Ouidah, ville mémoire de l’esclavage.
Première étape, nous visitons le musée, ancien fort portugais dirigé par le gouverneur brésilien d’origine portugaise « De Souza ». Cet homme surnommé Tcha Tcha » car il allait toujours très vite dans tout ce qu’il entreprenait.… a reconnu 52 femmes africaines. Il était l’ami intime du roi Gezo, ce qui lui a permis de développer le commerce des esclaves dans l’enceinte du fort avec l’accord des chefs. Selon notre guide : « le blanc n’est jamais allé dans un village sans l’autorisation du chef ». Les Portugais ont été les premiers et les derniers à pratiquer l’esclavage.
Ouidah, de son vrai nom « JUIDA » signifie « adorateur de pythons ». 5 forts (portugais, français, anglais, danois, hollandais) y ont été construits principalement pour pratiquer le commerce. Quatre ont été détruits.
Le Bénin était constitué de 12 royaumes qui se faisaient la guerre. Ceci créera un climat propice au développement de l’esclavage. N’importe qui n’était pas esclave : on choisissait les prisonniers de guerre ainsi que ceux qui n’étaient pas nobles.
Les esclaves du Bénin-Togo et Nigéria seront déportés vers le Brésil, Haïti et Cuba, les Ghanéens vers l’Amérique du Nord .
Au Brésil, on leur imposait d’adorer les saints, mais en cachette, ils continuaient de pratiquer le vaudou. A ce jour, cette pratique, appelée « synchrétisme » continue au Bénin.
Après l’abolition, beaucoup sont revenus sur leur terre natale en rapportant de nouvelles habitudes telles que les beignets de haricots, la danse des carnavals, la cérémonie des jumeaux et le gâteau à la noix de coco.
Deuxième étape, la visite de la forêt sacrée. Nous entrons dans ce lieu majestueux où de gigantesques arbres nous accueillent. Cette forêt est jalonnée de diverses statues :
Nous en verrons une vingtaine toutes aussi intrigantes les unes que les autres !
Troisième étape et non des moindres, la route des esclaves. Moment intense où nous « revivons » le parcours des esclaves avant leur départ. Que dire ?
Nous nous dirigeons d’abord vers la place CHACHA où trône un arbre majestueux. A cet endroit, se tenait un marché aux esclaves où ces derniers étaient exposés et échangés contre des pacotilles. Par exemple, on échangeait 7 femmes contre 1 chaîne en or. A ce moment, les esclaves sont encore bien spirituellement. Le marché se tenait au pied de l’arbre la nuit pour les empêcher de se reconnaître et de s’organiser.
Au travers de cette route, nous découvrons diverses statues chacune ayant un sens particulier. Voici quelques exemples :
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La hyène qui vend son propre enfant, symbolisant le noir qui vend ses propres sujets.
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La jambe coupée associée d’une flèche et d’un balai : « le pied qui a trébuché à cause d’une pierre ne peut être déraciné ». On peut pardonner mais on n’oublie pas.
La jambe coupée symbolise la guerre, la flèche , la lutte contre ses parents et le balai symbolise la morale " chacun balaie devant sa porte ".
Au cours de notre « randonnée historique », nous nous arrêtons au niveau du MEMORIAL ZOMACHI en construction. Les murs d’enceinte sont ornés de fresques relatant les différentes étapes avant de prendre la mer…
Nous nous dirigeons ensuite vers un lieu appelé ZOMAÏ qui nous fait froid dans le dos.
La case Zomaï, le feu qui ne s’adapte pas, était un lieu d’obscurité totale où l’on cherchait à déstabiliser les esclaves. Ils y étaient enfermés durant deux semaines, dans le noir complet. Ils étaient mis à l’épreuve. S’ils ne s’en sortaient pas, on les jetait dans la fosse commune… Ceux qui résistaient étaient transférés vers l’arbre du retour. Après deux semaines dans l’obscurité , la désorientation était totale et toute tentative de fuite était anihilée. Après avoir séjourné dans la case Zomaï, les esclaves étaient conditionnés pour la vie dans l’obscurité et la promiscuité .
Nous quittons ce lieu où il ne reste que des statues pour nous rendre vers le cimetière des esclaves. Une fosse commune de 8 mètres de profondeur y a été creusée pour ‘jeter’ ceux qui ne pouvaient pas s’adapter…
En mémoire de ceux qui ont été jetés là, un mur , appelé « mur des lamentations » a été construit. Le marron symbolise les noirs, le rouge symbolise le sang, la couleur noire symbolise les chaînes.
Les esclaves qui ont tenu le coup vont, après s’être lavés, se rendre au baobab, appelé « arbre du retour ( spirituel) . C’est le dernier jour avant le départ. Pour confirmer leur conditionnement et la perte de tout repère, ils tourneront 3 fois autour de cet arbre. A cet emplacement (l’arbre existant toujours), trône une statue sans tête . Elle symbolise le retour mystique et non physique des esclaves.
Nous arrivons enfin à la Porte du Non Retour, porte réalisée par l’UNESCO en 1995. Elle symbolise le départ des esclaves vers le nouveau continent.
Nous repartons avec des images, des mots en tête. Cette période historique ne nous laisse pas insensibles et nous quittons ce lieu avec un sentiment d’avoir peut- être un peu mieux compris ce qui a été vécu.